journal Le Point

Dans le jardin de Julie Reins

Thomas Mahler

En voilà une qui sait où elle va : « J'veux pas sur quelques têtes avoir à marcher, j'vais pas céder ma place, mais partager. » Ecrites au moment du lancement de « Star Ac », les paroles de la chanson-titre, « Reine d'un jour », donnent le ton du premier album de Julie Reins. « C'était ma façon de dire ce que je ne suis pas prête à faire dans une industrie où tout est devenu éphémère », explique-t-elle. Chevelure de jais et caractère trempé, la chanteuse est cependant consciente d'avoir eu de la chance : « J'ai toujours su bien m'entourer. »

Effectivement. Son producteur n'est autre que Patrick Bruel, tombé sous le charme lors d'un concert. Ajoutez à cela une paire de compositeurs fidèles et talentueux. Un premier clip signé Emilie Chedid dans lequel Julie campe, de Nina Hagen à Yvette Horner, une brochette détonante de fortes femmes. Et un père collaborateur musical du Point, qui lui a donné très tôt le goût des bonnes choses en la biberonnant aux Beatles. Résultat : un disque en forme de journal intime, entre girl power et fragilité. La musique, dans sa façon de juxtaposer guitares pétaradantes et ballades plus flâneuses, évoque Zazie, et c'est un compliment. Avec le lumineux et pastoral « Jardin de Rose », Julie Reins fait même d'une fleur deux coups : un bel hommage à la fois à sa grand-mère, Rose, et aux « Zinnos » (traduire Les Innocents), groupe qui a contribué à la floraison de la pop en France

« Reine d'un jour », (RCA/ Sony BMG).


© le point 18/05/06 - N°1757 - Page 108 - 252 mots